L’équipe de France du nucléaire jouait en Pologne en mai dernier
vendredi 6 juillet 2012
Ce n’était pas encore une équipe de foot qui se pressait à Varsovie mais bien l’équipe de France du nucléaire. Avec plus de 10 communications au deuxième congrès international de l’énergie nucléaire (INEC), les ingénieurs français ont répondu de manière très coordonnée à l’invitation de leurs collègues polonais de l’Université de technologie de Varsovie (WUT).
Il est vrai que la Pologne
concentre actuellement beaucoup d’attention de la part des acteurs de l’énergie
car sa demande en électricité augmente de plus 3% par an. Et tous les grands
acteurs du nucléaire, à l’échelle internationale, retiennent leur souffle car,
au moment ou elle accueillera le championnat d’Europe de foot, Varsovie devrait
publier un appel d’offre pour 3000 MW de puissance électrique d’origine nucléaire.
Les toutes premières centrales dans ce pays de plus de 38 millions d’habitants
symboliseront peut être une forme de revendication d’indépendance bordé par l’Allemagne
engagée dans une voie non nucléaire et la Russie, capable d’offrir bien des
services aussi bien dans la fourniture de gaz que d’électricité d’origine nucléaire.
De fait, on sent s’avancer des
concurrents majeurs, comme sur le terrain d’un match : pour fournir 3000
MW, il faut, par exemple, deux EPR européens ou trois AP1000 américains. Les
deux camps affichent leurs couleurs puisque l’université d’Etat de l’Oregon
(OSU, Etats unis) et l’institut international de l’énergie nucléaire (I2EN),
qui rassemble les principaux acteurs français du nucléaire pour proposer de
solutions de formations adaptés aux besoin de pays partenaires, ont apporté
leur soutien à l’université technologique de Varsovie pour l’organisation et le
financement du congrès INEC. Et de fait, chacun a ses couleurs : les trois
lettres rouges d’OSU et la boule bleu s’affichent en grand sur l’écran de la
salle de conférence, de part et d’autre du très graphique écusson de WUT.
Lors de la première journée du
congrès, on a pu voir nettement les propos s’organiser en trois pôles. Le
premier concernait évidemment la sûreté ; il était éminemment transverse,
ne prêtait à aucune polémique et faisait fortement référence l’accident de
Fukushima, comme à ceux de Three Mille Island (USA, 1974) et de Tchernobyl
(1986). Dans les deux autres pôles de discussion, les fournisseurs potentiels
de solutions nucléaires se sont différentiés. Bien qu’étant dans le cadre d’un
congrès universitaire, les américains ont plutôt déployé une argumentation
commerciale, très rodée et très efficace. Les intervenants successifs ont
insisté sur le contrôle qualité, et ont pointé du doigt des projets de
construction de centrale terminés dans le planning et le budget annoncés au départ.
Certains ont prôné la gestion par projet, en assimilant un projet nucléaire à n’importe
quel autre chantier de BTP.
Les Français ont eu des propos
plus nuancés. « Le nucléaire n’est pas un business industriel comme les
autres », souligne Claude Guet (I2EN) qui a programmé les différentes
interventions de la délégation française à INEC. De fait, les intervenants français
ont exposé en détail leurs moyens de R&D, leurs capacités de formation mais
aussi le fonctionnement de l’EPR. Ils sont revenus sur l’effort particulier des
évaluations complémentaires de sûreté, les fameux « stress tests », réalisés
après l’accident de Fukushima et déployés au niveau européen. En cela, ils ont
soigneusement illustré les propos de l’Ambassadeur de France et de l’Administrateur
général adjoint du CEA qui, lors de la session d’ouverture de la conférence,
ont rappelé que la France souhaite partager la culture de sûreté, les
connaissances scientifiques et le retour d’expérience technologique acquis ces
50 dernières années avec les pays qui engagent un programme de développement de
l’énergie nucléaire à des fins de production électrique.
Même si la Pologne n’est pas
encore équipée de centrales nucléaires, les grands industriels français du
secteur, tout comme leurs concurrents américains, revendiquent à juste titre
des implantations sérieuses en Pologne.
S’agissant du nucléaire, les français
sont également présents dans les domaines plus académiques de la formation et
de la R&D. Ainsi le CEA a remis, cette semaine, à ses homologues polonais
une série de code de calculs développés par différents acteurs français du
domaine, qui permet de simuler tout ou partie du fonctionnement d’un cœur de réacteur.
L’ambassade de France a organisé en 2012 pas moins de trois séminaires de
formation spécifiquement dédiés à la sûreté, aux affaires publiques liées au
nucléaire, et aux codes de calcul. L’INSTN, l’I2EN et l’Agence France Nucléaire
international, ont organisé l’accueil de près de 20 enseignants chercheurs
polonais pour des cours intensifs, des visites d’installations nucléaires et
des stages en laboratoires.
Page dédiées à la délégation française
à la conférence INEC : http://www.i2en.fr/fr/news/84
Page dédiée à l’accueil en France
20 enseignants-chercheurs polonais : http://www.i2en.fr/fr/news/42
TechnoPropres
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