Le nouveau poids des technologies propres au révélateur de la campagne américaine
mercredi 28 mai 2008
La question de l’environnement est en train de s’inviter puissamment au cœur de la campagne électorale américaine.
En effet, les deux candidats vraisemblables (John Mc Cain et Barack Obama) ont annoncé récemment des trains de mesures plus ou moins ambitieux pour diminuer les émissions de carbone des Etats-Unis, mais également pour assurer le développement du secteur des technologies propres, dont le poids économique est désormais une question centrale.
Ainsi, en 2007, plus de 71 milliards de dollars ont été investis de par le monde dans le domaine des énergies renouvelables, représentant une part grandissante des engagements des capitaux-risqueurs. Il est d’ailleurs à noter que 40% de ces engagements concernent des investissements réalisés en Californie. Ce qui doit nous rappeler qu’au-delà des positions controversées de l’administration Bush sur la question, les Etats-Unis ont en fait complètement pris la mesure de l’enjeu écologique, tout au moins dans sa traduction potentielle en « business ».
De plus, le caractère productif de ce qui était auparavant vécu comme une pure dépense (les investissements dans le domaine de la réduction des effets de serre notamment) est désormais bien identifié. Il est symptomatique à cet égard que les trois candidats encore en lice se soient d’ores et déjà prononcés en faveur du système de marché des quotas d’émission, avec des modalités plus ou moins contraignantes. Mc Cain, notamment, a pris soin de se démarquer de la politique de l’Administration Bush en la matière, qui avait, on s’en souvient, fait obstruction à la mise en place du protocole de Kyoto. La raison de ce revirement américain tient donc à la prise de conscience de la place que les technologies propres sont appelées à jouer dans le futur, un rôle que l’on peut imaginer à la frontière de ce qu’ont été, dans leurs domaines respectifs, le pétrole et l’informatique.
D’ailleurs, cet impact économique est clairement affiché par les stratèges de chaque parti : John Mc Cain a insisté sur le rôle du secteur privé, et demandé à ce que la dépense publique finance son développement (sur un mode revisitant le fameux complexe militaro-industriel), quand Barack Obama annonce un plan de 150 milliards de dollars d’investissement en 10 ans, dont il espère des retombées qu’il chiffre en « plusieurs millions d’emplois » dans le secteur. Une attitude américaine typiquement réaliste qui, au-delà d’une certaine part de cynisme, doit nous rappeler que la dépense, en la matière, est un investissement stratégique. Et que le leadership environnemental représentera peut-être, demain, un enjeu stratégique aussi fort que la rente pétrolière en son temps.