L'expérimentation Ecovoiturage en Isère : trois mois après
vendredi 6 juillet 2012
Retour sur le déploiement, le 2
avril dernier, du service Écovoiturage en
Isère sur les axes Crolles/Grenoble et Bourgoin-Jallieu/Lyon. Basée
sur l’utilisation de smartphones et d’Internet avec la technologie Covivo,
cette expérimentation de covoiturage en temps réel fait suite à une première
expérience dans le Vercors. Yvan Martinod, chef de projet Écovoiturage au
Conseil général de l’Isère dresse un premier point d’étape après 3 mois
d’activité.
Quelques mois de promotion du
covoiturage dynamique pèsent certes peu par rapport à plusieurs décennies de
prépondérance de la voiture individuelle et de la culture de liberté qui
y est associée. Les modèles sociaux et
culturels imprègnent fortement le rapport à l’automobile et aux déplacements,
pourtant, au niveau local, certaines pratiques évoluent dès lors que
l’innovation proposée correspond à un réel besoin. C’est le cas de l’Écovoiturage :
les freins sociaux sont nombreux qui apparentent le covoiturage au stop et qui
l’assimilent à une contrainte. Finir tard le soir, travailler avec des
horaires flexibles, écouter de la musique, récupérer les enfants… autant
d’éléments en définitive compatibles avec le covoiturage, surtout s’il est
dynamique !
L’enjeu, explique Yvan Martinod,
est de fiabiliser l’offre afin d’inciter les personnes à faire une
demande de covoiturage dynamique. En effet, une fois qu’un premier
covoiturage est réalisé, nombreux sont les usagers satisfaits d’avoir eu
recours au service et d’avoir en même temps rencontré des collègues. Le frein
social et culturel est battu en brèche dès lors que l’utilité du service est
démontrée, d’autant que les liens avec les voisins et les collègues en sortent
renforcés. C’est sur cet argumentaire que s’est développée la campagne de
communication en affichage, presse et radio ainsi qu’un spot
sur Daily Motion, autour de cette initiative portée par Covivo.
L’apport des nouvelles
technologies est considérable. Le système de géolocalisation est de plus en plus
performant et pertinent, notamment par rapport à la première phase
d’expérimentation dans le Vercors. Cette deuxième phase voit la
maturation des outils et du système d’information. Les résultats sont
là : plus de 1700 inscrits en 3 mois (contre 150 par mois pour un site
de covoiturage classique) et 5 à 6 covoiturages, directement issus du
système développé par Covivo,
sont enregistrés chaque jour – 30 à 40 covoiturages informels seraient réalisés
en parallèle, par des usagers initiaux de l’Écovoiturage qui auraient pris
l’habitude de s’organiser sans s’enregistrer avec leur smarphone. L’objectif à
moyen ou long terme serait de faire passer le taux d’occupation des véhicules
de 1,1 à 1,4 personnes.
Restent cinq
objectifs principaux, qualitatifs et quantitatifs, à développer :
- conforter les résultats de
l’expérimentation dans le Vercors du point de vue sociologique et technique
et l’étendre à un territoire différent mais demandeurs de solutions
de mobilités douces
- obtenir une masse critique
d’utilisateurs, suffisante pour que le système fonctionne de
lui-même, rassemblée dans une base de données qui communique avec les bases de
données d’autres territoires et structures de mobilité
- mobiliser les opérateurs
institutionnels et privés pour une convergence des bases de données par la
création de standards, faisant du covoiturage un service public au même titre
que le tram, le bus ou le vélo
- faire du covoiturage, et de
sa version dynamique, une vraie offre de mobilité, partie prenante de
l’intermodalité
- continuer à développer les
outils issus des technologies de l’information et travailler sur leur
fiabilité
Un travail est effectué
auprès des employeurs des bassins d’emploi grenoblois et berjalliens afin de
développer des animations et des actions profitant directement aux covoitureurs.
Il est envisagé d’intégrer aux plans de déplacements entreprise (PDE) des
incitations à destination des utilisateurs des services de covoiturage.
Pourquoi ne pas réserver des places de parking aux conducteurs qui déposent des
offres de covoiturage ? Comment aménager les horaires de ceux qui font appel au
covoiturage ? Comment imaginer le remboursement des frais de covoiturage – des
relevés mensuels semblables aux relevés d’abonnement aux transports en commun ?
Autant de pistes de réflexions
pour les mois à venir, complétées par la mise en place d’un laboratoire
d’usage le 28 juin. Une vingtaine d’utilisateurs se réunissent
à Bernin pour évoquer leur expérience du covoiturage dynamique. Des
sociologues de l’université de Lorraine analyseront les motivations
de chacun, apportant ainsi une réelle information qualitative sur la question.
Andrea, cité dans l’article précédent,
a, depuis avril, pris connaissance du dispositif Écovoiturage mais ne s’y
pas inscrit faute de motivation. Peut-être également faute d’incitation
financière, ou plus probablement parce qu’il ne s’est pas encore projeté dans
l’utilisation du service et de ses avantages pour lui. Tandis que le
service s’améliore, le bouche à oreilles continue de fonctionner, rendez-vous
donc dans quelques mois…
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