Des têtards fluorescents pour détecter la présence de polluants
lundi 26 octobre 2009
Une interview fort intéressante de CleanTech Republic
par Baptiste Roux Dit Riche | Cleantech Republic | 08.10.09
Gregory Lemkine - Fondateur de WatchFrog
Jeune entreprise francilienne de biotechnologie, WatchFrog développe des solutions innovantes pour révéler in vivo les substances chimiques. Sa technique repose sur l’usage de larves d’amphibiens millimétriques aux propriétés « lumineuses ». Explications en compagnie de Gregory Lemkine, fondateur de WatchFrog.
Cleantech Republic : Des larves d’amphibien qui détectent les polluants… Pouvez-vous nous expliquez l’activité de votre société ?
Gregory Lemkine : J’aime bien définir WatchFrog comme une entreprise de biotechnologie dédiée notamment au secteur de l’environnement. Dans la pratique, nous proposons des tests in vivo qui permettent de déterminer comment la présence d’un polluant va influer sur l’organisme. Pour cela, nous créons des larves d’amphibiens et d’alevins qui s’allument en fluorescence grâce à des biomarqueurs pour révéler la présence de produits chimiques, de perturbateurs endocriniens ou encore de rejets pharmaceutiques. Notre solution est utilisée par des sociétés spécialisées dans le traitement de l’eau, par des grands groupes comme EDF et Veolia ou encore pour tester des biens de grande consommation
Comment est née WatchFrog ?
Sur un plan scientifique, Watchfrog est l’héritière du savoir faire du Museum d’Histoire naturelle et plus précisément de la chaire de physiologie de Claude Bernard. Nous sommes tous ses descendants. A titre personnel, j’ai fait mon doctorat au Museum et mon post-doctorat dans une unité de l’Inserm avant de sauter le pas pour devenir entrepreneur. J’ai décidé d’apprendre ce nouveau métier en suivant la formation Challenge + d’HEC qui a débouché sur la création de WatchFrog en novembre 2005. Nous avons depuis été aidés par le Génopole d’Evry pour la mise en place d’une plateforme de production.
En quoi votre solution se distingue des autres procédés de mesure ?
C’est tout d’abord la seule méthode du genre à pouvoir mesurer les impacts des polluants sur les systèmes hormonaux. Cela correspondant aux exigences de fiabilité qu’attendent aujourd’hui les professionnels. L’autre originalité c’est d’être proposée de façon industrielle, du prélèvement jusqu’à la mesure. A terme nous aimerions même proposer des kits à nos clients pour qu’ils puissent opérer eux-mêmes leurs tests. Par rapport aux tests in vitro, notre solution est plus facilement applicable sur le terrain. Elle permet une meilleure évaluation du risque. Après bien sûr, dans l’in vivo, il y a aussi la méthode du « truitomètre » (étude de la réaction des truites dans l’eau, ndlr). Mais elle n’est pas satisfaisante sur un plan scientifique et inacceptable d’un point de vue éthique.
Cela dit, les biotechnologies ont également leurs opposants ?
Oui et d’ailleurs nous sommes très précautionneux sur ce point car nous savons qu’il s’agit d’un sujet très sensible. Notre modèle est basé sur des larves qui sont à de très jeunes stades. Elles ne ressentent donc pas la douleur. Tout simplement car elles ne sont par « équipés » pour. De plus, il s’agit de pontes qui sont par définition disponibles en grande quantité. Le problème dans ce type de débat, ce sont les gens avec qui on ne peut ni dialoguer, ni travailler. Mais de mon côté, je suis certain de notre démarche éthique car selon moi, il vaut mieux utiliser des pontes de grenouilles que des millions de souris.
Comment jugez-vous votre marché aujourd’hui ?
Dans le cadre de la réglementation Reach, nous pensons que tôt ou tard tous les produits seront amenés à être testés en particulier pour détecter des perturbateurs endocriniens. Dans le domaine de l’eau, la méfiance est telle que les gens ne supporteront pas l’idée que l’eau puisse contenir des traces de produits pharmaceutiques ou de substances perturbant la reproduction. Et puisqu’il faut des outils plus performants pour estimer les dangers, alors notre technologie risque de devenir incontournable. D’autant que sur un plan économique, un test in vitro prend trois mois pour un coût d’environ 60 000 euros alors que notre solution fournit une réponse en trois jours pour un tarif bien inférieur.
Travaillez-vous sur d’autres applications de votre procédé ?
Oui, nous venons d’ailleurs d’obtenir un financement du pôle de compétitivité Medicen pour un projet baptisé AMBRe. C’est assez éloigné de l’environnement puisqu’il vise à améliorer le traitement des lésions neurodégénératives du cerveau. Il s’agit de proposer à la recherche pharmaceutique des outils de test pour des « apprentis médicaments ». Pour soigner le cerveau, le cycle de développement d’un médicament dure en effet entre 15 et 20 ans. En s’aidant des amphibiens on devrait pouvoir accélérer ce timing. Le projet doit se dérouler sur trois ans et sera mené en partenariat avec la société BioQuanta et trois laboratoires publics.
Crédit photo Gregory Lemkine : J. Chatin
par Baptiste Roux Dit Riche | Cleantech Republic | 08.10.09
Gregory Lemkine - Fondateur de WatchFrog
Jeune entreprise francilienne de biotechnologie, WatchFrog développe des solutions innovantes pour révéler in vivo les substances chimiques. Sa technique repose sur l’usage de larves d’amphibiens millimétriques aux propriétés « lumineuses ». Explications en compagnie de Gregory Lemkine, fondateur de WatchFrog.
Cleantech Republic : Des larves d’amphibien qui détectent les polluants… Pouvez-vous nous expliquez l’activité de votre société ?
Gregory Lemkine : J’aime bien définir WatchFrog comme une entreprise de biotechnologie dédiée notamment au secteur de l’environnement. Dans la pratique, nous proposons des tests in vivo qui permettent de déterminer comment la présence d’un polluant va influer sur l’organisme. Pour cela, nous créons des larves d’amphibiens et d’alevins qui s’allument en fluorescence grâce à des biomarqueurs pour révéler la présence de produits chimiques, de perturbateurs endocriniens ou encore de rejets pharmaceutiques. Notre solution est utilisée par des sociétés spécialisées dans le traitement de l’eau, par des grands groupes comme EDF et Veolia ou encore pour tester des biens de grande consommation
Comment est née WatchFrog ?
Sur un plan scientifique, Watchfrog est l’héritière du savoir faire du Museum d’Histoire naturelle et plus précisément de la chaire de physiologie de Claude Bernard. Nous sommes tous ses descendants. A titre personnel, j’ai fait mon doctorat au Museum et mon post-doctorat dans une unité de l’Inserm avant de sauter le pas pour devenir entrepreneur. J’ai décidé d’apprendre ce nouveau métier en suivant la formation Challenge + d’HEC qui a débouché sur la création de WatchFrog en novembre 2005. Nous avons depuis été aidés par le Génopole d’Evry pour la mise en place d’une plateforme de production.
En quoi votre solution se distingue des autres procédés de mesure ?
C’est tout d’abord la seule méthode du genre à pouvoir mesurer les impacts des polluants sur les systèmes hormonaux. Cela correspondant aux exigences de fiabilité qu’attendent aujourd’hui les professionnels. L’autre originalité c’est d’être proposée de façon industrielle, du prélèvement jusqu’à la mesure. A terme nous aimerions même proposer des kits à nos clients pour qu’ils puissent opérer eux-mêmes leurs tests. Par rapport aux tests in vitro, notre solution est plus facilement applicable sur le terrain. Elle permet une meilleure évaluation du risque. Après bien sûr, dans l’in vivo, il y a aussi la méthode du « truitomètre » (étude de la réaction des truites dans l’eau, ndlr). Mais elle n’est pas satisfaisante sur un plan scientifique et inacceptable d’un point de vue éthique.
Cela dit, les biotechnologies ont également leurs opposants ?
Oui et d’ailleurs nous sommes très précautionneux sur ce point car nous savons qu’il s’agit d’un sujet très sensible. Notre modèle est basé sur des larves qui sont à de très jeunes stades. Elles ne ressentent donc pas la douleur. Tout simplement car elles ne sont par « équipés » pour. De plus, il s’agit de pontes qui sont par définition disponibles en grande quantité. Le problème dans ce type de débat, ce sont les gens avec qui on ne peut ni dialoguer, ni travailler. Mais de mon côté, je suis certain de notre démarche éthique car selon moi, il vaut mieux utiliser des pontes de grenouilles que des millions de souris.
Comment jugez-vous votre marché aujourd’hui ?
Dans le cadre de la réglementation Reach, nous pensons que tôt ou tard tous les produits seront amenés à être testés en particulier pour détecter des perturbateurs endocriniens. Dans le domaine de l’eau, la méfiance est telle que les gens ne supporteront pas l’idée que l’eau puisse contenir des traces de produits pharmaceutiques ou de substances perturbant la reproduction. Et puisqu’il faut des outils plus performants pour estimer les dangers, alors notre technologie risque de devenir incontournable. D’autant que sur un plan économique, un test in vitro prend trois mois pour un coût d’environ 60 000 euros alors que notre solution fournit une réponse en trois jours pour un tarif bien inférieur.
Travaillez-vous sur d’autres applications de votre procédé ?
Oui, nous venons d’ailleurs d’obtenir un financement du pôle de compétitivité Medicen pour un projet baptisé AMBRe. C’est assez éloigné de l’environnement puisqu’il vise à améliorer le traitement des lésions neurodégénératives du cerveau. Il s’agit de proposer à la recherche pharmaceutique des outils de test pour des « apprentis médicaments ». Pour soigner le cerveau, le cycle de développement d’un médicament dure en effet entre 15 et 20 ans. En s’aidant des amphibiens on devrait pouvoir accélérer ce timing. Le projet doit se dérouler sur trois ans et sera mené en partenariat avec la société BioQuanta et trois laboratoires publics.
Crédit photo Gregory Lemkine : J. Chatin
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