Le Canada, via le CNR, parie sur les algo biocarburants
lundi 19 juillet 2010
C'est en plein désastre pétrolier dans le Golfe du Mexique (le 4 juin dernier précisément) que le ministre d'État aux Sciences et à la Technologie, Garry Goodyear, a annoncé un projet de recherche majeur de production à l'échelle commerciale d'algo biocarburants en Nouvelle-Écosse. De passage à Halifax, le ministre Goodyear, dont on se souvient peut-être qu'il fut assez chahuté par la communauté scientifique pour avoir hésité à prendre position dans le débat sur les théories évolutionnistes, a fait cette annonce lors du lancement du projet de fabrication d'algo biocarburants, à l'Institut des biosciences marines du Conseil national de recherches du Canada (IBM-CNRC).
L'annonce a été relayée par le CNRC ICI. Le ministre a déclaré entre autre "Notre gouvernement investit davantage dans les sciences et la technologie parce que de tels investissements créent des emplois, rehaussent la qualité de vie des Canadiens et dynamisent l'économie. Ces nouveaux carburants seront une source d'air frais, d'énergie verte, d'eau pure et de bénéfices propres pour les habitants de la Nouvelle-Écosse et l'ensemble des Canadiens."
Le projet a reçu environ 5 millions de dollars canadiens (environ 4 millions d'euro) du Programme national sur les bioproduits et de l'IBM-CNRC. Les plans d'une usine-pilote pouvant produire 50 000 litres (tests) d'algo biocarburants ont déjà été imaginés pour une application à la station de recherche de Ketch Harbour, où les premiers travaux dans ce sens ont été effectués et où les chercheurs du CNRC cultivent des algues depuis plus d'une cinquantaine d'années. Pour accélérer la croissance des algues, on recourra notamment aux émissions de dioxyde de carbone issues de la combustion des combustibles fossiles. Carbon2Algae Solutions Inc, un des partenaires industriels du projet, a l'intention d'exploiter des photobioréacteurs qui capteront le dioxyde de carbone d'installations comme celles des sables bitumineux de l'Alberta ou des centrales au charbon afin de faire pousser des souches locales d'algues.
De façon à identifier la meilleure façon de cultiver les algues en vue de la production de biocarburant, le CNRC s'est allié à trois grandes institutions américaines : le Département de l'Énergie de États-Unis (US DOE), le National Renewable Energy Laboratory (NREL) du Colorado et Sandia National Laboratories au Nouveau-Mexique très impliquées dans le domaine des bio nanotechnologies et qui préparent aussi de grands projets dans le domaine des algo biocarburants. Le projet fera éventuellement appel aux experts en aérospatiale du CNRC pour faire progresser la commercialisation d'algo biocarburants développés sans doute à la fois pour le marché grand public et comme carburant pour les avions.
La spécificité du projet du CNRC par rapport aux projets analogues entrepris dans d'autres pays est l'identification d'espèces d'algues endémiques qui se prêteront à la production de biocarburants dans les lieux précis d'Amérique du Nord où elles poussent. Ces algues se sont déjà acclimatées à leur milieu, ce qui en facilitera leur culture tout en éliminant le risque, toujours possible, que des espèces exotiques soient accidentellement libérées dans l'environnement. Enfin, lorsque Stephen O'Leary, chercheur du CNRC attaché au projet, fait savoir qu'il faudra encore cinq à dix ans avant de produire commercialement des biocarburants à partir des algues, on réalise finalement, que le Canada en est approximativement au même point que les autres pays dans cette technologie, mais tient à se positionner dès le départ de la course.
Source : Energies de la mer
TechnoPropres
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