10% de biocarburants en 2020 : le combat fait rage (prix alimentaires, déforestation et manque de marché…)

mardi 22 avril 2008

De nombreux cercles sont aujourd’hui en train de mettre en cause les biocarburants, et la commission européenne est notamment critiquée pour sa volonté de poser un quota de biocarburants dans le paquet climat (quota de 10% en 2020). En France, le combat fait actuellement rage entre la Fédération Nature environnement et les agriculteurs de la FNSEA. Trois types de critiques sont formulés contre les mesures de la Commission européenne.


Critique n°1 : ils risqueraient de faire monter les prix alimentaires.

Dans un rapport de juillet 2007 intitulé « les Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO 2007-2016 », la FAO notait que les volumes d'oléagineux (essentiellement du colza) destinés à la production de biocarburants devraient passer d'un peu plus de 10 millions de tonnes à 21 millions de tonnes dans l'Union européenne entre 2007 et 2016. Au Brésil, la production annuelle d'éthanol, qui s’élève à environ 21 milliards de litres aujourd'hui, devrait plus que double sur la même période.

La Banque mondiale vient de s’en alarmer. De même, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a écrit au Premier ministre japonais, qui préside le G8, pour lui demander de mettre cette question à l’ordre du jour pour la réunion de juillet 2008.

En mars 2008, Peter Brabeck, le patron de Nestlé, dans une interview au journal NZZ am Sonntag, estimait que « si l’on veut couvrir 20% du besoin croissant en produits pétroliers avec des biocarburants, comme cela est prévu, il n’y aura plus rien à manger. (…) Accorder d’énormes subventions pour les produire est inacceptable moralement et irresponsable ».


A noter que Lula, le président du Brésil, grand producteur d’éthanol, n’est pas d’accord, et il attribue l’accroissement des prix alimentaires à la croissance démographique : « Aujourd'hui, il y a plus de gens qui mangent. Les Chinois mangent, les Indiens mangent, le Brésiliens mangent (...) et les gens vivent plus longtemps. »


Critique n°2 : ils encourageraient la déforestation. Dans un rapport récent, Greenpeace montre que la déforestation s’aggrave en Amazonie.


Critique n°3 : les politiques volontaristes en faveur des biocarburants seraient inutiles, car le nombre de véhicules ne suivrait pas. Ici, il s’agit d’un argument de marché face à une politique volontariste. L’Allemagne vient ainsi d’abandonner son projet « E10 », qui prévoyait que le taux de biocarburants dans le carburant classique passe de 5% à 10% dès 2009. Sigmar Gabriel, ministre allemand de l'Environnement, estime que le nombre de véhicule supportant le mélange (de biocarburants) n’est pas suffisant, et qu’il « ne s'agit pas d'une mesure ayant trait à la politique de l'environnement, mais d'une mesure destinée à aider l'industrie automobile ».

0 commentaires:

  © Blogger template Cumulus by Ourblogtemplates.com 2008

Back to TOP