En Islande, l'eau des barrages et de l'hydrothermie est une source d'énergie inépuisable

lundi 2 novembre 2009

(Le Monde)

Un habitant de Reykjavik quitte le matin sa maison chauffée à l'eau chaude naturelle, laisse derrière lui les lumières allumées, surtout aux environs de Noël, sorte de cadeau fait à la communauté pour éviter les dépressions hivernales. Son lieu de travail, qu'il rejoint en voiture, est chauffé de la même manière. Il va se détendre ensuite dans une piscine alimentée en eau chaude, à moins qu'il ne dispose d'un bain à remous dans son jardin.

Les dépôts de silice, lors de l'installation du réseau dans les années 1950, encrassaient les canalisations et l'eau sentait le soufre. C'est de l'histoire ancienne. L'eau qui sort de terre à plus de 100 degrés est utilisée pour chauffer un second circuit qui finit dans les radiateurs des maisons, dans l'évier de la cuisine et la baignoire de la salle de bains. Cette eau est omniprésente. Seul l'habitat isolé en est privé.



L'Islande, dans le domaine de la géothermie, a une bonne longueur d'avance. Nombre de pays s'y sont engagés lors du premier choc pétrolier en 1973, pour s'en désintéresser par la suite. Mais l'île, qui dispose, grâce à sa géologie volcanique, d'un gisement quasi inépuisable de chaleur, a continué ses recherches, a progressé, et propose des solutions clés en main à l'export.

Mais l'Islande se heurte aujourd'hui à divers problèmes de "seconde génération". L'électricité produite est essentiellement d'origine hydroélectrique. Un nouveau barrage, dans l'est du pays, qui a englouti de vastes terres, a rencontré une opposition vigoureuse des écologistes.

Paradoxalement, l'extension de la production d'électricité d'origine géothermique n'a pas rencontré d'opposition, alors qu'elle est beaucoup plus polluante : l'eau chaude puisée à grande profondeur est accompagnée d'émissions de CO2 et de soufre. De plus, les barrages sont loin de toute habitation, ce qui n'est pas le cas des colonnes de vapeur des usines géothermiques. "Ces problèmes sont en voie d'être résolus", affirme Eirikur Hjálmarsson, porte-parole de la société publique de production d'électricité. Le but est de restituer dans les profondeurs de la terre le dioxyde de carbone qui s'échappe, mais le procédé n'est pas encore au point.



L'Islande maîtrise également la motorisation des autobus à hydrogène, combustible propre par excellence puisqu'il ne rejette que de l'eau. Mais le programme a été suspendu faute de clients et on s'interroge sur la viabilité de cette piste qui reste encore le luxe d'un pays riche en énergie : il faut de l'électricité pour produire de l'hydrogène. Les éoliennes ne sont pas à l'ordre du jour, les vents étant très capricieux.

Piscines en plein air
L'Islande peut certes augmenter sa production d'énergie, hydroélectrique et géothermique. Mais pour quoi et pour qui produire de l'électricité ? Le vieux rêve est de l'exporter par câble, mais le coût d'installation est considérable. Reste l'industrie de l'aluminium, fortement implantée en Islande et inévitablement polluante, dont l'extension, malgré la dure crise économique qui touche l'Islande, est contestée par les écologistes, membres du gouvernement.

Le développement du potentiel énergétique est, avec l'effondrement des banques, une des questions que l'on discute dans les piscines en plein air de la capitale. Dans une eau dont la température est de 38 à 43º C, on échange sans se connaître des points de vue. L'eau chaude n'est pas seulement une solution technique au problème de l'énergie, c'est un véritable art de vivre.

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